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Les harmoniques chez les instruments à cordes
L'écriture et le résultat sonore
Dans
cette partie, les exemples seront pris sur le violon. L'ensemble des
principes est directement transposable à tous les instruments à
cordes (frottées et pincées). Les spécificités de l'alto, du
violoncelle et de la contrebasse ainsi que leurs tablatures
d'harmoniques seront détaillées plus tard.
Les harmoniques naturels
Les
harmoniques naturels sont ceux que nous obtenons sur une corde à
vide en effleurant la corde du doigt en un point. C'est ce point qui
est écrit sur la partition :
- dans le cas où l'harmonique correspond à la note qui se trouve au même endroit pour un jeu sans harmonique, il suffit d'ajouter un point au-dessus de la note (la hauteur écrite correspond à la hauteur entendue) :
- dans les autres cas, nous écrivons la position du doigt avec une tête de note en forme de losange :
Sur
la corde de sol d'un violon, nous pouvons obtenir l'ensemble de ces
harmoniques :
La
précision de la corde (ici « sul G ») n'est pas
obligatoire, mais peut s'avérer utile dans certains cas si le
compositeur a une préférence.
Étant
donné la différence entre certains harmoniques et le tempérament
égal (se référer à la partie sur le phénomène physique), il
faut noter que pour les harmoniques de rang 5 et 7, la position du
doigt ne correspondra pas exactement à celles des notes écrites et
le résultat sonore sera faux par rapport au tempérament égal.
Par
symétrie, tous les harmoniques peuvent être joués de deux façons
différentes sur la même corde. Par exemple l'harmonique de rang 3 peut être joué en effleurant la corde au tiers ou aux deux
tiers de sa longueur. Sauf l'harmonique de rang 2 puisqu'il se situe
au milieu de la corde :
Enfin,
certaines notes harmoniques sont accessibles depuis différentes
cordes :
Pour
l'ensemble des possibilités d'harmoniques naturels du violon, de
l'alto, du violoncelle et de la contrebasse, se référer aux
tablatures correspondant à chaque instrument (tablatures par corde et par hauteur).
Les harmoniques artificiels
Pour
créer un harmonique artificiel, le musicien doit appuyer franchement
en un point de la corde pour définir la longueur de corde vibrante,
et effleurer un autre point afin de choisir le rang de l'harmonique
qu'il souhaite obtenir.
Le point définissant la longueur de corde
vibrante est écrit en notation traditionnelle, et le point
d'effleurement est écrit en losange.
Ainsi,
pour obtenir un ré5 depuis la corde de sol du violon, le
compositeur a le choix entre harmonique naturel et artificiel :
En
choisissant la longueur de corde vibrante, cela permet d'accéder à
l'ensemble du chromatisme en sons harmoniques (se référer aux
tablatures par hauteur des harmoniques naturels pour voir les limites
de ces derniers).
La
position relative du point d'effleurement par rapport au premier
doigt permet de définir le rang de l'harmonique :
Rang d'harmonique
|
Position relative
|
Hauteur obtenue par rapport
à la longueur de corde vibrante
|
2 | Octave | Octave |
3 | Quinte | Douzième |
4 | Quarte | Double octave |
5 | Tierce M | 2 octaves + 1 tierce M |
6 | Tierce m | 2 octaves + 1 quinte |
9 | Seconde | 3 octaves + 1 seconde |
- Pour des questions d'écarts de doigts, l'harmonique artificiel de rang 2 (octave) est très inconfortable et difficile à tenir sans trembler (encore plus sur le bas de la corde où il peut devenir impossible suivant la taille des mains). Son timbre très particulier correspond rarement à ce qui est recherché dans les harmoniques.
- L'harmonique de rang 9 est très délicat à attraper et à conserver. N'ayant pas de caractéristique sonore notable par rapport à d'autres harmoniques plus simples, il n'est pratiquement jamais utilisé.
- Plus aisés que l'harmonique de rang 9 mais bien plus difficiles que les harmoniques de rangs 3 et 4, les harmoniques de rangs 5 et 6 sont d'un effet peu convainquant et souvent d'une justesse approximative : leur utilisation est déconseillée.
- Pour le timbre, la justesse et la facilité de jeu, l'utilisation des harmoniques de rang 3 et 4 (quinte et quarte) est conseillée
Voici
la même note jouée sur différents rangs d'harmoniques et sur deux
cordes différentes pour les harmoniques de rangs 3 et 4. Il est
important de noter la différence de timbre par rapport au choix de
la corde.
Quelques conseils sur les choix d'écriture et pour la préparation d'une session d'enregistrement
Compte tenu de la différence d'effet des
harmoniques de différents rangs, il est conseillé de rester sur des
rangs proches pour conserver une homogénéité, à moins bien sûr
de vouloir jouer sur les différences de timbre et d'attaque. De
façon générale, dans le cas d'harmoniques artificiels, il n'y a
aucun problème tant que nous restons sur les harmoniques de rangs 3
et 4.
Toujours pour des questions d'homogénéité,
mieux vaut ne pas changer de corde au cours d'une même phrase, sauf
dans le cas de recherche d'effet particulier. Les tessitures des
harmoniques de rang 3 et 4 de chaque corde du violon, de l'alto, du
violoncelle et de la contrebasse sont indiquées dans leurs
tablatures respectives.
L'enchaînement de plusieurs harmoniques
n'est pas toujours évident. Dans le cas d'enregistrement
d'orchestre, il est conseillé d'alterner (les notes d'une même
phrase) entre deux pupitres (entres les violons 1 et 2, ou bien en
divisant le pupitre des violoncelles...).
Dans le cas d'instrument soliste ou si le
pupitre n'est pas assez fourni, répartir la phrase en deux prises
est une solution qui permettra à la fois de gagner beaucoup de temps
et d'avoir un meilleur résultat.
Quelques partitions proposent des doubles
harmoniques (chez Paganini par exemple). Leur intérêt principal
réside dans la démonstration de virtuosité. Ils n'ont aucune
raison d'être dans des parties d'orchestre ou même chez les
solistes lors de séances d'enregistrement. Encore une fois, les
répartitions, les divisi ou le doublage des prises permettra de
gagner beaucoup de temps et d'avoir un meilleur résultat.
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