jeudi 7 janvier 2016

Des séances d'enregistrement plus écologiques

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Des séances d'enregistrement plus écologiques



     Au vu des centaines voire des milliers de pages imprimées pour chaque séance d'enregistrement de musique de film, j'ai recherché comment minimiser l'impact écologique de l'enregistrement sans en altérer sa qualité.


Quelques idées


Voici quelques idées déjà expérimentées, n'hésitez pas à partager les vôtres en commentaires ou par e-mail :
  • réaliser les impressions sur du papier 100% recyclé
  • limiter le nombre de conducteurs au strict minimum nécessaire (1 seul pour la régie suffit souvent)
  • mettre plusieurs morceaux sur chaque page des parties séparées
  • diriger depuis une tablette


Utiliser une tablette pendant un enregistrement ?


Si la tablette peine à s'imposer comme outil de travail performant, elle peut remplacer très avantageusement le papier pendant une séance d'enregistrement. Elle permet :
  • des tournes de pages plus silencieuses pour le chef d'orchestre
  • de partager plus facilement les notes prises pendant la séance avec le monteur musique
  • de ne jamais perdre ou mélanger des feuilles
  • de modifier et de partager les partitions en direct (dans le cas où les musiciens jouent aussi sur tablette)

     Pour un enregistrement unique, l'indice carbone d'une tablette est supérieur à celui du papier. Mais ce choix s'impose comme une solution économique et écologique sur le long terme.

mercredi 2 septembre 2015

con sordino o senza sordino : Avec ou sans sourdine ? - Orchestre à cordes et solistes

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con sordino o senza sordino


Avec ou sans sourdine ?



     Afin de pouvoir répondre sans hésitation par vous-même au moment de vos compositions et de vos orchestrations, voici à votre disposition une base d'écoute qui vous permettra de comparer les différents choix. Vous pourrez entendre le même extrait interprété :

     -   senza sordino par un alto solo
     -   con sordino par un alto solo, avec 6 sourdines différentes
     -   senza sordino par un orchestre à cordes
     -   con sordino par un orchestre à cordes


     Pour bien comprendre et faire le tour du sujet, je vous propose d'abord d'étudier le fonctionnement des sourdines et d'en découvrir les différents types.


          Qu'est-ce qu'une sourdine et comment fonctionne-t-elle ?


     Chez les instruments à cordes frottées, la sourdine est un accessoire qui vient se placer sur le chevalet.


Différentes sourdines, présentées plus bas

     En ajoutant de la masse au chevalet, la sourdine restreint la transmission des vibrations des cordes à la caisse de résonance, engendrant ainsi une atténuation de l'intensité sonore.

     En ajoutant du poids au chevalet, la sourdine augmente son inertie. Ainsi les transitoires seront atténués, de même que les fréquences aiguës, donc en plus de diminuer l'intensité sonore, la sourdine change le timbre de l'instrument :

     -   une atténuation des transitoires signifie que les attaques et les changements de notes seront légèrement plus lents et moins marqués.
     -   une atténuation des fréquences aiguës signifie d'une part que la sourdine affectera plus les notes aiguës que les notes graves, et d'autre part que les composantes harmoniques du son seront plus atténuées que le fondamental, et que plus ses composantes seront élevées, plus elles seront atténuées.

          Les différentes sourdines


     Il existe de nombreuses sourdines différentes. Voici une présentation de six d'entre elles sur un même extrait joué à l'alto.

     La plupart des sourdines ont une utilisation principale traditionnelle, mais toutes les sourdines peuvent être utilisées dans toutes les conditions. L'intérêt de cet article est de vous permettre d'aller plus loin dans l'utilisation des sourdines au moment de la composition et de l'orchestration : ne vous limitez pas nécessairement aux utilisations "classiques" !

     Commençons par écouter l'extrait senza sordino (sans sourdine), tel que le jouerait un altiste si rien n'était précisé sur la partition.



     La sourdine tourte est la plus courante, c'est celle que l'on croise le plus souvent dans l'orchestre. La sourdine tourte est posée entre la deuxième et la troisième corde lorsqu'elle n'est pas utilisée. Pour passer con sord. il suffit de la faire glisser le long de ces cordes et de l'accrocher au chevalet, ce qui est très rapide.


     Elle est en plastique, avec optionnellement un aimant en son centre qui l'alourdit et lui permet de vernir se caler contre un autre aimant qui peut être fixé sur le cordier (le deuxième aimant est bien visible sur cette photo).






     La sourdine à trois pointes en bois est plus traditionnellement utilisée en musique de chambre ou à la maison (elle est parfois appelée sourdine d'hôtel car elle permet de répéter sans déranger les voisins). Posée sur le pupitre, il faut compter 3 secondes pour la mettre ou l'enlever sans se précipiter.





     La sourdine à trois pointes existe aussi dans une version avec un plomb qui l'alourdit considérablement. Elle est presque uniquement utilisée pour répéter de façon silencieuse... mais comme les autres sourdines... utilisez-la de façon inattendue !





     Toujours avec la sourdine à trois pointes avec plomb, mais dans la nuance forte.



     La sourdine Heifetz, en plastique et beaucoup moins lourde, permet d'avoir une légère différence de timbre tout en conservant une intensité importante, ce qui en fait une sourdine adaptée pour jouer en soliste avec un orchestre.






     La sourdine Roth Sihon peut être un peu difficile à installer les premières fois, mais c'est celle qui permet de passer le plus rapidement possible de con sord. à senza sord. et inversement : il suffit de la faire glisser le long des cordes sans même avoir à l'accrocher au chevalet.






     Enfin, la solution de secours... ou peut-être le timbre exact que vous recherchez !







          La sourdine dans l'orchestre à cordes



     L'usage de la sourdine ne se limite pas exclusivement aux instruments solistes. Voici un extrait de la musique du film "La Volante" de Christophe ALI et Nicolas BONILAURI, composée par Jérôme LEMONNIER dont nous pourrons comparer les versions avec et sans sourdine.





     Afin de pouvoir nous concentrer pleinement sur les cordes frottées, la harpe a été retirée de l'enregistrement. Je vous conseille vivement d'écouter la version complète mixée par Pierre BIANCHI disponible d'ici peu et dont un lien sera inséré ici-même.




          Enregistrements des différents cas


     Voici en premier lieu une version senza sordino :



     Puis la version con sordino (correspondant à la partition) :



          Spectrogrammes de ces enregistrements


     Un spectrogramme est une représentation d'un spectre de fréquences en fonction du temps. Les fréquences sont représentées de bas en haut des plus graves aux plus aiguës, et le temps défile de gauche à droite.

     Voici en premier le spectrogramme des 12 premières secondes (mesures 3 et 4 sur la partition) de l'orchestre senza sordino, puis en second celles de l'orchestre con sordinoPour comparer les signaux à intensité équivalente, j'ai augmenté le niveau de la prise con sordino  :

Orchestre senza sordino


Orchestre con sordino

     Sur les deux spectrogrammes, les fondamentaux correspondent aux 4 traits situés approximativement à :
     -   1 s     ;  930 Hz
     -   3 s     ;  660 Hz
     -   5,3 s  ;  780 Hz
     -   7,7 s  ;  550 Hz

     Les traits situés plus haut correspondent aux harmoniques de ces fondamentaux. Plus les traits sont lumineux et larges, plus leur intensité est grande.


     De façon remarquable, le rapport de l'intensité des harmoniques sur l'intensité du fondamental est bien plus petit sur le spectrogramme con sordino que sur celui senza sordino. C'est une constatation visuelle de l'atténuation des harmoniques par la sourdine.

     Aussi, en allant de gauche à droite (c'est à dire dans le sens du temps), les traits commencent moins nettement sur le spectrogramme con sordino que sur celui senza sordino. C'est une constatation visuelle de l'atténuation des transitoires par la sourdine.


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     Ainsi vous aurez pu constater par l'écoute et par la visualisation les différents phénomènes décrits dans la partie sur le fonctionnement de la sourdine qui sont pour rappel :

     -   une atténuation de l'intensité globale du son (varie grandement suivant les sourdines)
     -   une atténuation des transitoires
     -   une atténuation plus marquée sur les fréquences aiguës (dont les harmoniques)

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Remerciements

Jérôme LEMONNIER, compositeur et chef d'orchestre lors de l'enregistrement de la musique
au Studio Dada à Bruxelles
Tom DERCOURT, producteur du film "La Volante"
Maxime PERREAU, avec sa collection de sourdines, pour l'enregistrement des extraits à l'alto
au Studio La Majeur à Paris

jeudi 27 août 2015

Soirée de présentation du "Compagnon de poche du compositeur" - le 24 septembre 2015

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Le compagnon de poche du compositeur


Sortie prévue le 24 septembre 2015



     Bonjour à tous,

     Aujourd'hui, un hors série pour vous annoncer la sortie prochaine de mon livre "Le compagnon de poche du compositeur" aux Editions CANEL.

     Son contenu sera dévoilé lors de la soirée de présentation qui aura lieu le jeudi 24 septembre de 19h à 21h au Studio La Majeur à Paris, 18 rue Saint-Bernard, 75011 PARIS (M8 Faidherbe Chaligny). Cette soirée sera l'occasion :
   -   de feuilleter l'ouvrage et de vous faire une idée de l'utilité qu'il aura au quotidien dans votre travail de compositeur ou d'orchestrateur
   -   de découvrir les outils en ligne gratuits et réservés aux possesseurs du Compagnon de poche du compositeur
   -   de partager un agréable moment avec les petits fours et les bulles

     Les présentations des outils en ligne auront lieu à 19h30 et à 20h15 (durée 15 min. environ). Si besoin une séance supplémentaire pourra être organisée à 21h. Merci de prévenir à l'avance si vous souhaitez participer à cette dernière.

     Le Compagnon de poche du compositeur sera vendu au prix de 10€ T.T.C.* pour toutes les pré-commandes dont le paiement aura été effectué avant le 21 septembre 2015. Au-delà de cette date, le prix sera de 12€ T.T.C.*

     Informations, réservations, commandes et pré-commandes :
   -   par e-mail à nelson@lamiprod.fr
   -   par téléphone au 06 22 40 40 67

     Pour patienter et vous donner un premier aperçu, voici la préface :

Le Compagnon de poche du compositeur pourra être retiré :
   -   au Studio La Majeur, 18 rue Saint-Bernard - 75011 PARIS, téléphoner préalablement au 06 22 40 40 67
   -   aux Editions CANEL, 160 rue Jean Monnet - 39000 LONS LE SAUNIER, téléphoner préalablement au 07 78 80 09 26


* Frais de port non compris.
Pour tout envoi en France métropolitaine, il vous sera facturé 3,25€ de frais de port et d'emballage.
Règlement par chèque bancaire à l'ordre de Nelson MALLEUS EIRL - 160 rue Jean Monnet - 39000 LONS LE SAUNIER, ou par virement (sur demande à l'adresse nelson@lamiprod.fr

mercredi 8 juillet 2015

Les harmoniques chez les bois - Partie 3 : Les harmoniques à la clarinette

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Les harmoniques chez les bois


Les harmoniques à la clarinette

& quelques effets



     Cet article s'appuie sur les phénomènes décrits et expliqués dans l'article sur La création du son à la clarinette et celui sur Les registres de la clarinette.

     Nous allons nous intéresser ici aux harmoniques de la clarinette, particulièrement dans les cas où ils sortent des registres conventionnels, puis nous verrons quelques effets que cette utilisation étendue des harmoniques rendra possible.


          Les harmoniques au-delà des registres conventionnels



     Comme nous avons pu le remarquer dans la table de correspondance des doigtés en fonction des harmoniques, plusieurs plages de doigtés restent inutilisées pour les harmoniques de rangs 3, 5, 7 (et il en va de même pour les rangs supérieurs).



     Il est cependant possible de jouer les notes situées dans les plages inutilisées. Elles offrent de nouveaux timbres, mais comportent de nombreux problèmes de justesse : n'étant pas utilisées habituellement, les luthiers n'ont pas compensé les problèmes dus aux frottements.

     Voici les harmoniques de rangs 3, 5 et 7, joués de façon plus étendue qu'habituellement. Contrairement à l'usage, le travail de changement de rang d’harmonique est réalisé uniquement à l'embouchure.



     Ce principe peut être étendu sur les rangs 9, 11, 13, 15... en tenant compte du fait que la difficulté augmente avec les rangs.


          Définir une notation adaptée


     Le son produit dépend du doigté ainsi que du couple embouchure-pression. Je propose donc d'écrire en note normale le doigté (si ce dernier est spécifique et indispensable, il convient de le préciser au début de la partition), et de le superposer d'une note en losange déterminant la hauteur de la note devant être entendue.

     Voici un exemple complet sur un thème de WAGNER :





     Toutes les notes normales correspondent à des doigtés du rang 3 (les clarinettistes peuvent vérifier sur la vidéo). Le passage au rang 5 (lorsque l'écart entre le doigté et la note entendue est d'une sixte) ou au rang 7 (lorsque cet écart est d'une neuvième) se fait uniquement à l'aide de l'embouchure. J'ai précisé le rang au-dessus de la première évocation de chaque cas, il n'est pas nécessaire de le faire sur la partition.

     Afin de pouvoir comparer les timbres et voir l'apport de ce travail sur les rangs d'harmoniques, le même thème est joué d'abord de façon conventionnelle (toutes les notes sur l'harmonique de rang 3, excepté le ré qui est sur l'harmonique de rang 5 avec un doigté adapté), puis tel qu'écrit au-dessus :



          Quelques effets sur les harmoniques à la clarinette


     Cette partie n'est pas exhaustive et ne demande qu'à être étoffée suivant vos suggestions. Si vous êtes clarinettiste et que vous avez expérimenté d'autres effets, ou si sans pratiquer un instrument à anche vous avez imaginé ou pressenti un effet qui n'est pas recensé ici, n'hésitez pas à me contacter.


  • Le glissando d'harmoniques
     Le glissando d'harmoniques consiste à balayer plusieurs rangs d'harmoniques sans changer le doigté. Cela peut se faire aussi à la montée qu'à la descente :





     Pour tous les rangs excepté le premier, il est conseillé d'utiliser la clef du douzième. Les doigtés du clairon (rang 3) serviront donc de base principale aux glissandos d'harmoniques. Pour pouvoir effectuer un aller retour entre le rang 1 et le rang 7, il faudra donc procéder comme il suit :


  • Le bisbigliando d'harmoniques
     Le bisbigliando consiste à changer de doigté sur une même note. Pour un bisbigliando d'harmoniques, il faudra impérativement que le changement implique un changement de rang.







Tous les exemples sont écrits en Sib et joués par mes soins



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samedi 4 juillet 2015

Les harmoniques chez les bois - Partie 2 : Les registres de la clarinette

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Les harmoniques chez les bois


Les registres de la clarinette



     La clarinette peut - comme la plupart des instruments - jouer sur ses harmoniques. Chaque registre correspond à un rang d'harmonique. Du fondamental au 9ème rang, voici une présentation de leur utilisation conventionnelle.

     Pour un rappel sur la notion d'harmoniques, vous pouvez commencer avec la lecture de cet article : Les harmoniques - le phénomène physique.
     Il est aussi recommandé d'avoir lu auparavant l'article sur La création du son à la clarinette qui explique entre autres le quintoiement, ainsi que la baisse de diapason au fil des registres, phénomènes auxquels nous serons confrontés.

          Le chalumeau


     La clarinette a été inventée en 1690 par Johann Christoph DENNER qui ajouta au chalumeau une clef facilitant grandement le passage aux registres supérieurs : la clef du douzième. Il lui ajoute aussi une autre clef permettant de monter jusqu'en haut du registre fondamental de la clarinette (Wikipedia propose un article détaillé sur le passage Du chalumeau à la clarinette).

     Aujourd'hui nous utilisons le terme chalumeau pour désigner le registre correspondant à l'harmonique de rang 1 de la clarinette.




     Il est possible de monter légèrement plus aigu sans changer de registre, mais pour des raisons de justesse et de timbre, ces notes ne sont généralement utilisées que pour des trilles ou des appogiatures dans le registre du chalumeau.




          Le clairon


     Le clairon correspond à l'harmonique de rang 3. Son timbre, très différent de celui du chalumeau, se rapprocherait du son d'une petite trompette utilisée au XVIII° siècle, la clarine, à l'origine du nom de la clarinette.

     Comme pour le chalumeau, seule une partie du registre est utilisée de façon conventionnelle, et une extension d'une seconde est aussi couramment utilisée pour les trilles et les appogiatures.




          L'aigu et le suraigu



     L'aigu et le suraigu correspondent aux registres les plus hauts de la clarinette. Pour les répertoires classiques et romantiques, ils comprennent les harmoniques de rangs 5, 7 et 9. Leurs timbres sont très proches. Tous les clarinettistes professionnels sont capables de jouer ces notes.

     Une octave supplémentaire est encore accessible. Je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre jouer jusqu'en haut de la tessiture ci-dessous, si vous êtes en mesure de le faire ou si vous connaissez quelqu'un, je serais enchanté de pouvoir l'enregistrer afin d'illustrer complètement l'exemple.




     Pour accéder aux dernières notes, le clarinettiste Joseph MARCHI avait développé une clarinette avec des clefs supplémentaires facilitant l'accès aux harmoniques de plus hauts rangs. La Maison Selmer a proposé la clarinette "système Marchi" de 1975 au milieu des années 1980.


          Les changements de registres


     Les changements de registres sont très délicats pour les clarinettistes.


     C'est pour cette raison que l'on utilise des clefs pour jouer les trilles à cheval sur les changements de registres :


     Les deux notes sont d'abord jouées conventionnellement, dans le registre du clairon. Puis avec les doigtés de substitution dans le registre du chalumeau. Chaque trille est joué d'abord avec le changement de registre, puis avec les clefs permettant de l'éviter.





     En jouant lié, le passage rapide entre deux registres peut être difficile, surtout en allant vers un registre plus grave (du clairon au chalumeau, de l'aigu au clairon, ou de l'aigu au chalumeau). Tout est réalisable selon le niveau de virtuosité du clarinettiste et de ses habitudes de jeu.
     Cette difficulté est accentuée si le doigté ne change pas, et l'est dans une moindre mesure si le clarinettiste doit déboucher des trous.

     Voici la correspondance des doigtés pour les harmoniques de rangs 1, 3, 5 et 7 :

     Le clarinettiste débouche des trous pour aller de gauche à droite.


     Notez que pour les rangs 3, 5 et 7 seule une partie des doigtés est utilisée. Aussi, les doigtés ne sont pas exactement les mêmes que ceux du fondamental : afin de faciliter l'émission et de préciser la justesse, les doigtés du clairon sont augmentés de la clef du douzième. La plupart de ceux de l'aigu et du suraigu se font en débouchant un trou en haut de la clarinette et en appuyant sur une ou deux clefs supplémentaires.



     Dans l'article suivant nous aborderons les harmoniques de la clarinette, en sortant du cadre de ces registres conventionnels. Nous verrons ainsi quelques effets rendus possibles par cette utilisation étendue.

Tous les exemples sont écrits en Sib et joués par mes soins


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mercredi 11 mars 2015

Les harmoniques chez les bois - Partie 1 : La création du son à la clarinette

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Les harmoniques chez les bois


La création du son à la clarinette



     Le son des instruments à anche découle des variations périodiques d'un flux d'air. L'anche est une valve qui modifie la taille de l'ouverture entre l'anche et le bec.



     En vibrant, l'anche fera varier le flux d'air que l'instrumentiste envoie dans la clarinette, permettant la création du son.



          Anche faible et anche forte



         Les variations de flux d'air sont transmises au corps de la clarinette qui joue le rôle de résonateur. La vitesse de vibration de l'anche va se régler en fonction d'une des fréquences du résonateur : c'est une anche faible. En ouvrant / fermant des trous, le musicien fera varier la longueur du tube ce qui modifiera la fréquence du résonateur et ainsi la vitesse de vibration de l'anche.

         Dans le cas des instruments à anches fortes, la fréquence de vibration de l'anche ne varie pas en fonction du résonateur. Ce dernier est alors réduit au rôle d'amplificateur.

         Voici une liste non-exhaustive d'instruments à anches faibles et fortes :



    Anches faibles
    Anches fortes

    Le résonateur impose sa fréquence de vibration à l'anche
    L'anche vibre à sa fréquence propre sans être impactée par le résonateur
    Matière des anches
    Roseau (ou matières composites)
    Métaux principalement
    Instruments
    - clarinette
    - saxophone
    - hautbois
    - basson
    - cornemuse
    ...
    - harmonica
    - accordéon
    - orgues
    - voix (les cordes vocales jouent le rôle d'anches)
    ...



              Une période



         Pour un son de fréquence F (en Hertz), la période du son T (en secondes) est égale à 1/F. Ainsi un la 440 Hz joué à la clarinette correspond à 440 petites périodes d'environ 0,002272 s semblables. Voici ce qui se passe dans la clarinette au cours de chacune de ces périodes :

    • l'air à l'intérieur de la clarinette est à la pression atmosphérique, alors que l'air dans la bouche du musicien est à une pression légèrement supérieure
    • une très petite quantité d'air va passer de la bouche du clarinettiste au bec par l'ouverture entre l'anche et le bec
    • le déplacement d'air passant par l'ouverture va prendre son expantion dans le bec et ainsi créer une dépression derrière l'anche
    • la différence de pression de part et d'autre de l'anche aura pour effet de l'aspirer sur la table du bec, et dès lors fermer l'ouverture entre l'anche et le bec
    • l'onde de dépression se propage dans la clarinette jusqu'au premier trou ouvert
    • l'air extérieur, à la pression atmosphérique, est aspiré par la dépression au travers de ce trou, ce qui augmente la pression au niveau du trou
    • l'onde remonte ensuite en direction du bec, comblant progressivement la dépression
    • l'air à l'intérieur de la clarinette est à nouveau à la pression atmosphérique, la différence de pression avec celle de l'air dans la bouche est suffisamment petite pour que l'anche s'ouvre à nouveau
    • l'aspiration de l'air par le trou est arrêtée face à la pression de l'air qui est supérieure à l'intérieur de la bouche, il se forme alors une surpression qui va en direction du premier trou ouvert
    • l'air sort par ce trou
    • la surpression diminue alors, et lorsque que l'air à l'intérieur de la clarinette est à la pression atmosphérique, nous sommes retournés au début de la période
         Ce cycle se passe avec une quantité d'air extrêmement faible. Les pressions et les dépressions qui se déplacent ne correspondent pas à un écoulement d'air : les molécules font des trajets sur de très courtes distances et se transmettent les états de pressions et dépressions de proche en proche, à la vitesse du son.


              La fréquence du son par rapport à la longueur du tuyau


         Résumons le déplacement de l'onde, avec L la longueur entre le bec et le premier trou ouvert :
    • propagation d'une dépression du bec au premier trou ouvert => 1 x L
    • la dépression se comble jusqu'au bec => 2 x L
    • une surpression se propage du bec au premier trou ouvert => 3 x L
    • la surpression disparaît progressivement jusqu'au bec => 4 x L
         L'onde a donc parcouru 4 fois la longueur entre le bec et le premier trou ouvert au cours d'une période.

         Soit F la fréquence du son, L la longueur entre le bec et le premier trou ouvert et c la vitesse du son dans l'air.


    Exemple :

         À une température de 15°C (à l'intérieur de la clarinette) et une pression atmosphérique de 101,33 kPa, la vitesse du son dans l'air est de 340,3 m/s. Pour obtenir un la 440 Hz, nous avons besoin d'une longueur de tuyau jusqu'au premier trou ouvert de :


         Partons d'une longueur de 19,33 cm, et observons l'impact de la variation de la température pour des températures usuelles :

    Température de l'air à l'intérieur de la clarinette (°C)
    Vitesse du son (m/s)
    Fréquence du son pour un tuyau de 19,33cm (Hz)
    0 331,5 428,74
    5 334,5 432,62
    10 337,5 436,5
    15 340,5 440,38
    20 343,4 444,13
    25 346,3 447,88
    30 349,2 451,63

         On remarque une différence non négligeable de hauteur, correspondant au problème que les instrumentistes à vent connaissent bien : être bas lorsque l'instrument est froid, haut lorsqu'il est chaud.


              Le quintoiement de la clarinette


         La clarinette est réputée pour quintoyer et non pas octavier contrairement à la plupart des instruments. Elle est très pauvre en harmoniques pairs et riche en harmoniques impairs. Ceci a notamment pour conséquence de rendre inaccessible l'harmonique de rang 2 et de passer directement à celui de rang 3, situé une octave et une quinte au-dessus du fondamental : d'où le « quintoiement » (les principes des harmoniques sont expliqués en détail dans cet article).

         Mais pourquoi la clarinette quintoie-t-elle ? Pourquoi est-elle si pauvre en harmoniques pairs et si riche en harmoniques impairs ?

         Au moment de la description d'une période du signal de la clarinette, nous avons tenu compte d'une seule et unique onde isolée, ce qui n'est que théorique. En pratique, nous aurons à faire à des ondes multiples (avec différents harmoniques) qui vont se propager dans tous les sens à l'intérieur de la clarinette.

         Quand deux ondes de compression d'amplitudes équivalentes se croisent, leurs vitesses s'annulent et elles créent à l'endroit de leur croisement un ventre de pression (ou nœud de vitesse). Il pourra se créer une suite de nœuds et de ventres (trains d'ondes). On peut, pour simplifier, se les représenter de la même façon que les ventres et les nœuds de la corde vibrante d'un violon.

         Ces trains d'ondes rebondissent les uns sur les autres, sont réfléchis par le bec et le premier trou ouvert. Cependant, il y aura toujours dans la clarinette un ventre de pression en haut du bec en même temps qu'un nœud de pression au premier trou ouvert, ou inversement, avec des états transitoires symétriques.

         Ainsi, avec cette position forcée par les ventres et les nœuds aux extrémités, la longueur L entre le bec et le premier trou ouvert est nécessairement fragmentée de façon impaire. Ce qui explique la richesse en harmoniques impairs et la pauvreté en harmoniques pairs de l'instrument.




         La vibration de l'anche peut se caler soit sur la fréquence fondamentale du résonateur, soit sur un de ses harmoniques impairs, d'où le quintoiement (et la possibilité d'aller, y compris dans les registres supérieurs, uniquement sur les harmoniques impairs).

         En pratique, du fait des frottements des ondes sur la perce de la clarinette, chaque registre (harmonique) est légèrement plus grave que ce qu'il devrait être par rapport au précédent : le fondamental est juste, l'harmonique de rang 3 est un petit peu plus grave que ce qu'il devrait être. Ce phénomène s'accentue à mesure que nous montons dans les rangs d'harmoniques.

         Du fait que la perce de la clarinette ne soit ni parfaitement lisse ni précisément un cylindre (les facteurs de clarinette travaillent sur des perces plus complexes), des harmoniques de rangs pairs sont aussi présents, mais leurs amplitudes restent très inférieures à celles de harmoniques de rangs impairs.


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